La matière grise reste la matière première de la Place financière genevoise

par Steve BERNARD, Directeur de Genève Place Financière.

www.geneve-finance.ch

N’ayons pas peur du lieu commun ! La Suisse, dépourvue de matières premières (en dehors de l'eau et du lait, dont les cours flambent ces temps) ne peut compter que sur les qualités intrinsèques de sa population pour continuer à offrir un niveau de vie satisfaisant à ses habitants.

Avec une économie qui repose pour à de 70 % sur le secteur des services, les collaborateurs de nos entreprises sont les pourvoyeurs de cette "matière première" nationale. Il est donc essentiel de porter une attention toute particulière aux compétences de ces personnes.

Cependant, avec le temps la matière grise s’épuise ou perd de son opérationnalité. Le développement accéléré des techniques, la circulation quasi-instantanée des idées et des nouveaux processus ont pour conséquence que notre savoir devient obsolète plus rapidement que par le passé. Au même titre que les logiciels se renouvellent, chacun doit mettre régulièrement ses connaissances aux exigences du jour, qu'elles soient économiques, scientifiques, sociales ou culturelles.

Notre savoir doit donc être 'oxygéné' par la seule voie possible: la formation. Quiconque ne conçoit pas la nécessité de se former se trouvera à terme sur la touche.

Nombreux sont les secteurs économiques qui l’ont compris et qui, depuis plusieurs années, consacrent d'importants moyens à la formation assurant ainsi une mise à niveau régulière. On pense notamment aux domaines de l’horlogerie, des banques, de la pharmacie ou des machines-outils. Pas étonnant que ces secteurs soient parmi les plus dynamiques de l’économie suisse et les mieux à même d'affronter la concurrence internationale.

Examinons le secteur bancaire. Les très importantes mutations subies par la finance ces dernières années (marchés et clientèles globalisées, évolutions technologiques, multiplication des classes d'actifs, réglementations internationales et domestiques, etc.) se sont traduites en parallèle par un gros effort des banques suisses dans le domaine de la formation, yc sur le plan national avec des projets fédérateurs tels que le Swiss Finance Institute.

Dans le cadre de la formation professionnelle continue, tous les acteurs concernés (les entreprises, leurs collaborateurs ainsi que les associations professionnelles) ont la responsabilité d’assurer une amélioration des compétences par voie de formation. A ce titre, l’Association Suisse des Banquiers, tout comme – dans une dimension certes plus modeste et régionale - Genève Place Financière, jouent un rôle utile dans ce domaine. L’association faîtière nationale des banques a entrepris de réformer son brevet et son diplôme bancaire afin de les intégrer dans les filières actuelles et de renforcer l’autonomie de l’apprenant; elle a créé il y a une année l’Ecole Supérieure en Banque et Finance.

Genève Place Financière cherche également à déterminer les besoins en formation en favorisant la mise sur pied de nouveaux cours répondant aux nécessités actuelles. Récemment, avec l'appui d'un mandataire externe, nous avons lancé le Swiss Advanced Certificate in Trust Management pour dispenser une formation qui accompagne le développement des conditions-cadres nationales en matière de trusts suite à la ratification par la Suisse de la Convention de La Haye relative à la loi applicable au trust et à sa reconnaissance.

Aussi, les collaborateurs bancaires doivent profiter de cet environnement propice pour ne pas cesser d'améliorer leurs connaissances. La concurrence n’existe pas seulement entre entreprises !
Avec l’ouverture des frontières aux pays de l’Union Européenne, les employés des banques sont également mis en concurrence avec des personnes venant d'autres pays et ayant des niveaux de formation élevés.

L'Etat est évidemment un partenaire fondamental dans les formations de base favorisant l'accès à des carrières dans la finance. Notre message à son égard est de maintenir un haut niveau d'exigences pour assurer la meilleure intégration de nos jeunes dans les circuits professionnels. Il est indispensable parallèlement, de conserver un dialogue permanent avec les acteurs économiques afin de pouvoir adapter les programmes à l'évolution des besoins des entreprises, et de favoriser l'insertion professionnelle.

A ce sujet, il est intéressant de relever que le récent Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française - que le grand public a nommé Rapport Attali - mentionne comme 1ère décision fondamentale : "se donner les moyens pour que tout élève maîtrise avant la fin de la 6ème (NDLR : la fin de la 7ème du Cycle d'Orientation à Genève) le français, la lecture, l'écriture, le calcul, le travail de groupe, l'anglais et l'informatique".

Les entreprises quant à elles, doivent entrer dans une nouvelle étape de leur politique de formation. En effet, dans un premier temps celles-ci mettaient à disposition un catalogue des formations puis, elles ont laissé aux employés l'initiative et la responsabilité de leur formation: Le partenariat avec les collaborateurs est maintenant la voie dans laquelle les entreprises doivent s’engager pour développer les compétences de leurs employés. Maintenir ceux-ci dans un esprit de formation continue stimule une augmentation collective des connaissances au sein de l’entreprise qui en tirera les bénéfices sur le long terme.

Notre site internet consacré à la formation bancaire www.edubank.ch contient de nombreuses informations et des liens utiles pour toute personne qui s'intéresse à la carrière bancaire: des référentiels de compétences, des court-métrages de présentation de métiers bancaires, des cartes de formation et d'autres conseils.

Pour un résultat maximal, il faut une volonté concordante. D'une part des entreprises qui s’engagent dans une action volontaire de formation, d'autre part des collaborateurs qui entreprennent de manière résolue une formation continue durant l'ensemble de leur carrière professionnelle.

La Place financière genevoise dispose d'un positionnement international exceptionnel (7ème rang mondial selon la City of London). La consolidation de ce classement qui récompense le formidable travail des 33'000 personnes s'activant au service de notre City genevoise, s'inscrit dans l'ambition que Winston Churchill avait fixée dans un discours célèbre qu'il a prononcé à l'université d'Harvard en 1943 (et que je ne traduirai pas à dessein) : "the empires of the future are empires of the mind".

Genève, le 28 janvier 2008

 

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