L'Europe dans la tourmente

par Jean Zwahlen, Senior Advisor for Asia, Union Bancaire Privée, UBP SA; a. Ambassadeur et a. Membre du Directoire de la Banque Nationale Suisse.

  1. LA CRISE

Nous avons affaire à une crise globale dont l’UE, et plus précisément l’eurozone, est devenue l’épicentre.

Si l’Europe ne parvient pas à la juguler, elle s’étendra à l’ensemble du monde d’autant plus facilement que les déséquilibres macroénonomiques à l’échelle planétaire sont considérables et qu’il n’y a pas de gouvernance mondiale adéquate pour maîtriser la situation.

La  crise, née  aux  Etats-Unis, a atteint l’Europe dans un état de fragilité dû à l’inachèvement – coupable – de sa construction.

La vision des pères fondateurs était vaste. Elle englobait le politique, l’économique, la défense et préconisait de débuter par le Marché commun.

Malheureusement, le cheminement de la construction s’est arrêté en 1999 avec la création de la BCE, de l’euro et du Pacte de stabilité et de croissance.

Les liens fédérateurs se sont ensuite distendus et les règles de conduite violées : Pacte de stabilité, supervision indulgente, relâchement des objectifs de convergence et de compétitivité.

La crise européenne fut d’abord financière, avant de devenir, en 2010, une crise souveraine quand la Grèce révéla les tricheries de ses gouvernants.

Faute de l’avoir abordée avec détermination et un sens de solidarité – les sommes en jeu étant à l’origine tout à fait gérables – les politiciens ont tergiversé et manifesté ouvertement leurs divergences.

Il en résulta une contagion, qui s’est étendue à un cercle croissant de pays de l’eurozone, chaque fois avec plus d’intensité à cause des mesures insuffisantes et tardives prises par la série des 16 Sommets européens qui jalonnèrent cette progression.


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