La crise ne doit pas servir de tremplin électoral

par Martine Brunschwig Graf, Conseillère Nationale et Membre du Comité de l'UIPF.

Nos mœurs politiques sont parfois bien curieuses. Nous possédons, en Suisse, une place financière qui, malgré les turbulences, reste forte et source d’emplois. Nos banques ne seraient rien sans les compétences de leurs collaborateurs, leur savoir-faire, leur engagement et, ne craignons pas de le dire, le courage face aux attaques dont ils subissent forcément les conséquences.

Le talent et l’engagement constituent des éléments indispensables pour le succès d’une entreprise et ce à tous les échelons et dans tous les domaines d’activités. C’est vrai dans l’industrie, c’est tout aussi vrai pour les banques. Admettre cela c’est accepter aussi que les entreprises se donnent les moyens d’engager et de conserver les collaboratrices et collaborateurs qui répondent à ces exigences.

C’est là que tout devient absurde. Sous prétexte de lutter contre le versement d’indemnités injustifiées – combat nécessaire s’agissant des dirigeants qui ont failli – on en vient maintenant à discréditer systématiquement la place financière et, à travers elle, celles et ceux qui y travaillent.

Le combat contre les bonis constitue un prétexte politique qui permet à certains partis de se profiler et d’exploiter la colère des citoyens face à la crise. Mais ce combat, lorsqu’il met dans le même sac des avantages indus et des rétributions parfaitement justifiées par les performances des employées et employés concernés, devient dangereux pour l’ensemble du système bancaire.

Au risque de déplaire, il me paraît nécessaire de souligner ici que le soutien de la Confédération apporté à l’UBS – soutien dont elle entend se désengager dès que cela ne sera plus nécessaire – ne justifie pas que l’on mette le personnel de cette banque sous pression constante. L’autorité de surveillance du système bancaire suisse – la FINMA – s’est engagée à édicter des directives conformes aux standards internationaux et qui devraient permettre la mise en place d’un système de rétribution durable, équitable et nettoyé des mauvaises incitations poussant à la prise de risque inconsidérée. Ceci devrait être fait en juin déjà et devrait être valable pour l’ensemble de la place financière. Il ne s’agit pas de fixer des plafonds démagogiques mais des principes qui permettent d’honorer l’effort et la performance de qualité et de sanctionner les mauvaises pratiques. La FINMA fera son travail. Les politiciens seraient bien inspirés de ne pas le dénigrer à l’avance.

Le succès de la place financière dépend pour beaucoup de la confiance des clients et de la compétence de ses collaboratrices et collaborateurs. J’ajouterais à ces deux éléments un troisième : le sens des responsabilités dans la façon de traiter les difficultés présentes sur le plan politique. La crise ne doit pas servir de tremplin électoral !

Genève, le 29 mai 2009

 

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