CONTR'ATTAC

par Steve Bernard, Directeur de Genève Place Financière.

L'association ATTAC (Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens et citoyennes) a récemment organisé à Genève un forum consacré au secret bancaire suisse et aux paradis fiscaux, manifestation annoncée dans la presse et ouverte au grand public.

 

Ayant suivi une matinée de conférences (avec une centaine de personnes), j'ai été surpris par l'arrogance des propos et les erreurs factuelles tendancieuses de certains conférenciers.

 

  • A preuve les affirmations suivantes que j'ai relevées à cette occasion :
    Le Conseil fédéral a acheté les paysans suisses à doses de milliards de subventions pour que ces derniers acceptent le secret bancaire. Le monde agricole appréciera ce propos qui fait fi de son indépendance légendaire ! 
  • Les autorités du canton de Zoug furent accusées d'avoir transformer leur canton en république fiscale bananière. Cela fera plaisir au peuple zougois qui les a élues. 
  • Les banques Raiffeisen furent présentées comme étant les seules à avoir créé des emplois dans le secteur bancaire ces dix dernières années. Faux, ce fut également le cas des banques boursières, des banques étrangères, et des banquiers privés. Rappelons que les banques Raiffeisen, aussi sympathiques qu'elles soient, occupent seulement 5 % des effectifs bancaires en Suisse.
  • Le personnel bancaire suisse y fut présenté comme étant habité de sentiments éthiques douteux ("un gérant ne juge pas la moralité de ses clients"). Peu fut dit sur l'énorme effort accompli par la place financière pour décourager l'arrivée de l'argent du blanchiment ou de personnes exposées politiquement, dispositif qui place la Suisse à la tête des pays qui combattent efficacement le blanchiment, et qui est appliqué avec une conscience toute helvétique par le personnel bancaire.
  • L'impact fiscal du secteur bancaire y fut présenté comme faible. Rappelons tout de même qu'à Genève, il représente environ un tiers des recettes fiscales du canton (et même 64 % du produit de la taxe professionnelle de la Ville de Genève !). Rappelons également que la bonne santé de nombreux secteurs économiques du canton est liée à celle de la place financière : assurances, avocats, fiduciaires, hôtellerie, commerce de détail, restauration, garages, services informatiques, bâtiment, etc.
  • La disparition possible de 18'000 emplois bancaires, en cas de suppression du secret bancaire, y fut présentée comme une formalité par ATTAC, car équivalente aux emplois disparus ces dix dernières années dans les banques. Encore une affirmation fausse. Le chiffre exact des emplois directs perdus depuis 1993 dans les banques suisses est de 3'600 (non compris les emplois créés dans les sociétés financières ou dans les entreprises de sous-traitance). Genève serait massivement touchée par la suppression du secret bancaire, en raison de sa spécialisation dans la gestion de patrimoines privés, ce qui porterait le taux de chômage de ce canton au-delà de 10% !

Je terminerai par cette perle prononcée par un conférencier, éminent membre d'ATTAC, qui illustre bien l'esprit critique qui habite certains responsables de cette association : "Les journalistes ne comprennent rien. Ils ne font que reprendre ce qu'on leur dit".

 

A l'heure où les comparaisons internationales confirment que le niveau de vie et le pouvoir d'achat de la population suisse stagne, voire régresse, il convient de s'interroger sur la pertinence de la démarche d'ATTAC qui s'en prend frontalement à un pilier solide de notre économie.

 

Mes présents propos justifient peut-être la nécessité, rappelée en introduction du forum par la co-présidente d'ATTAC, de "décontaminer les consciences" (!). Je suis toutefois en bonne compagnie avec les 22'000 personnes (qui sont aussi des Citoyens et Citoyennes, pour reprendre le vocabulaire d'ATTAC) qui exercent honnêtement leur métier à Genève auprès de banques, sociétés financières et gérants indépendants.

 

Les sympathisants de l'UIPF (Citoyens également) connaissent la valeur du secteur bancaire en Suisse et apprécieront modérément les leçons de morale de la part des militants d'ATTAC dont les analyses unilatérales et partiales sont peu susceptibles de les séduire, d'autant que si menées à terme, les seuls qui en bénéficieraient seraient les places financières concurrentes : britannique, américaine ou asiatique.

 

 

Steve Bernard
Directeur
 
Fondation Genève Place Financière
Genève, le 29 avril 2004

 

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